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ROUSCAILLONS BIGORNE !
Leçon n°2 : Les bacchantes
Ah ! les bacchantes !… ah ! souvenir chamarré du temps où les hommes, humbles mais droits, étaient encore des hommes…
Oh ! chères bacchantes ! tantôt douces, tantôt rugueuses !... où vous cachez-vous donc ?
Nulle part, hélas ! Votre planque, c’est le néant, depuis que l’on vous coupe, depuis que l’on vous taille, depuis que vous sape la serpe de l’Histoire… Las ! belles bacchantes, vous qui chargiez d’un ombrageux mystère les trognes burinées de nos aïeux, seriez-vous donc indignes de couvrir la face de l’homme moderne ?
Non, non, trois fois non !
C’est l’homme moderne qui est indigne de vous. Il n’a plus rien à cacher, ce scélérat, cet exhibitionniste fangeux, ce mirliflore jouisseur ! Voyez-le qui vous nargue, le stupre en bandoulière ! Rien à cacher, vous dis-je ! tout doit se voir : pas un bout de sa viande liftée, pas un morceau de ses abats siliconés ne doit échapper aux mirettes de ses congénères imbéciles !
Pas de niqab, pas de voile… et pas même quelques poils sur la frimousse de l’éphèbe attardé. Car vous l’aurez compris, les bacchantes, ce sont les moustaches. Et à vrai dire, on ne sait pas vraiment pourquoi : si l’étymon semble évident, l’étymologie l’est franchement moins…
(Raymond Domenech, un héros antimoderne...)
Alors soyons laruistes ; supputons, subodorons… devinons, foutre !…
Pourquoi Bacchus ? peut-être parce que l’ivrogne partage toujours un peu de son breuvage avec ses glorieuses… Avec les rouflaquettes en revanche, nul besoin de partager quoi que ce soit : voilà sans doute pourquoi les bourgeois préféraient Ferry-Famine à l'auguste Blanqui...